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Elena Gromova : « C’est en sortant de sa zone de confort que l’on progresse »

Elena Gromova a fondé le Fashion Business Lab, un programme de mentoring de douze semaines, qui permet de découvrir les rudiments de chacune des étapes nécessaires à la création d’une marque de vêtements.

Une mère férue de mode, une première carrière dans la finance, une étape du Tour de France : le parcours de la créatrice lettone Elena Gromova est aussi surprenant qu’il est inspirant. Avec Fashion Business Lab, son dernier projet, elle ambitionne d’aider les gens à créer leur propre marque de vêtements. Portrait d’une femme visionnaire mue par le challenge et la transmission.

« C’est une chance pour moi de vivre dans un pays où nous pouvons nous exprimer, montrer ce dont nous sommes capables, faire ce que nous aimons. Plus que jamais, cette Journée internationale des Droits des Femmes est une chance que nous nous devons d’honorer en étant vraies », déclare en préambule Elena Gromova.

Alors qu’elle n’est qu’une enfant, Elena Gromova se rêve sur le devant de la scène. Fillette timide, elle est pourtant terrorisée par cette idée. Lorsqu’elle entre à l’école, elle décide de se donner une chance, celle d’accomplir son rêve ; elle fait alors tout ce qui est en son pouvoir pour combattre sa réserve. Mieux, elle y parvient. Elle en ressort plus confiante et plus forte que jamais. « C’est en sortant de sa zone de confort que l’on progresse. »

C’est à sa mère qu’elle doit son premier souvenir lié à la mode : « je me souviens de ses chaussures et ses vêtements. Ma mère travaillait et était professeur d’informatique. À l’époque, le choix pour se vêtir était assez réduit, alors elle cousait ses propres tenues. » C’est là, pile à ce moment que naît le goût d’Elena Gromova pour les belles choses, que se forme son sens esthétique. 

Mais la jeune femme est avide de challenge. Quand tous ses camarades se dirigent vers le marketing, elle choisit la finance. « J’étais une bonne élève, mais j’avais un peu moins de facilités en matières scientifiques. Choisir cette filière me permettait de travailler davantage sur mes difficultés pour m’améliorer. » Elena Gromova est une battante, très tôt guidée par son goût du challenge personnel. Elle embrasse alors une carrière dans la finance – PwC, L’Oréal, NBC Universal – à Londres notamment, ville dans laquelle elle s’épanouit. « J’étais heureuse dans cette vie, pourtant, je ne pouvais m’imaginer que ma carrière tout entière se résumerait à ce métier. »

« En matière de mode, Luxembourg a encore de nombreuses cartes à jouer. Le secteur commence seulement à fleurir et c’est formidable de voir l’entrain des jeunes créateurs .»

C’est un défi un peu particulier qui lui donnera l’audace de se lancer enfin dans la mode. « Lorsque j’ai appris que les non-professionnels pouvaient s’essayer à une étape du Tour de France de 160km – tout de même ! – j’ai décidé d’essayer. Là, je me suis rendu compte de la puissance et de la force de mon mental qui m’a permis de tenir le coup quand mon corps, lui, aurait bien arrêté ! » Très inspirée par cette expérience hors du commun, elle décide de se lancer en 2015 Nakeid, sa marque de vêtements techniques féminins. « Je n’avais aucune formation dans ce secteur, mais mes quinze années dans la finance avaient été très instructives et m’avaient donné des bases solides pour pouvoir me lancer dans l’entrepreneuriat. Ce socle de compétences est crucial : être créatif, même avec énormément de talent ne suffit pas. Quant aux aptitudes propres au secteur de la mode, j’ai eu la chance de pouvoir intégrer la Central Saint Martins, à Londres.  J’ai gardé tout de même un filet de sécurité, en conservant mon poste chez NBC Universal les premières années. »

Avec les bonnes clés en main et en sachant bien s’entourer, Elena Gromova comprend que tout un chacun peut suivre la même voie que la sienne. En 2021, elle décide de partager son expérience avec le Fashion Business Lab, un programme de mentoring de douze semaines, qui permet de découvrir les rudiments de chacune des étapes nécessaires à la création d’une marque de vêtements. Nombreux sont les particuliers à s’inscrire pour créer leurs propres pièces, mais pas seulement : « des entreprises aussi qui, pour une raison ou une autre, ont envie de créer une ligne de vêtements à leur image. Le panel de mes mentorés est très vaste. » Elena Gromova se réjouit du succès manifeste de son initiative et de son rôle prescripteur « je pense que c’est ma mission, sur Terre, de transmettre mon savoir aux gens », s’amuse-t-elle. Les pieds bien ancrés dans le sol, l’entrepreneuse a trouvé à Luxembourg un terrain propice pour que son concept s’épanouisse. « En matière de mode, Luxembourg a encore de nombreuses cartes à jouer. Le secteur commence seulement à fleurir et c’est formidable de voir l’entrain des jeunes créateurs. Je suis ravie de participer à cet essor, de montrer qu’entre le mass market et les maisons de couture, il y a quelque chose à faire. » Et par ce quelque chose, Elena Gromova entend bien ouvrir une voie royale à une mode plus éthique et plus engagée. Elle a d’ailleurs dévoilé son tout dernier projet lors de la Semaine de la Mode luxembourgeoise, No.Rainer, une marque de trenchs imperméables, fabriqués en polyester recyclé. « Je continue à travailler sur de nouvelles matières, de nouveaux tissus, plus performants et plus responsables. Il reste tant à faire ! »


Cet article est paru dans la première édition du magazine Forbes Luxembourg. Vous souhaitez en recevoir un exemplaire? C’est par ici!

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