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Les frères Schleck : chefs d’équipes

Chez les Schleck, sport et vélo sont avant tout une histoire de famille, comme cela est légion dans le cyclisme. Andy et Fränk ont à cœur de continuer à promouvoir les valeurs et les vertus du sport qu’ils ont chevillées au corps, au travers de leurs activités variées mais tournant toujours autour du vélo.

A l’été 2009, deux frères luxembourgeois chamboulent le Tour de France et réalisent l’exploit d’accéder ensemble au podium du classement provisoire de la plus grande course du monde. En 2010, le plus jeune des deux remporte le classement général. En 2011, au sommet du col du Galibier, ils hissent toujours plus haut les couleurs du Grand-Duché dans le peloton avec l’équipe Leopard-Trek, en occupant les deux premières places du podium d’une étape mythique, terminant ensemble sur le podium final de cette édition. Des performances inédites dans l’histoire de la pourtant longue litanie de fratries qu’a comptée la Petite Reine, de celles qui contribuent indéniablement à sa légende.

Quinze ans plus tard, les deux frères s’affairent dans un concept store sur trois étages, le paradis pour tout aficionado du vélo, proposant cycles en tous genres, matériels haut de gamme ainsi qu’une myriade d’accessoires. Au mur, des photos des champions en plein effort, une coupe du vainqueur du Tour de France, des magasines encadrés ou encore l’illustre maillot jaune accrochent le regard. Elles racontent une même passion partagée en famille depuis toujours, une carrière menée tambour battant pour courir ensemble et partager les podiums. Une belle page d’histoire écrite à vélo.

Fränk et Andy Schleck nous reçoivent dans la boutique Andy Schleck Cycles ouverte depuis 2016 à Itzig, pour partager un café au comptoir et nous confier leurs parcours respectifs, toujours intimement liés.

Chez les Schleck, sport et vélo sont avant tout une histoire de famille, comme cela est légion dans le cyclisme. Le père, Johny, ancien cycliste professionnel, a participé sept fois au Tour de France dans de grandes équipes. S’il est toujours resté assez pudique sur ses années de coureur cycliste, la vieille boîte en fer dans la cave était là, remplie de coupures de presses et de photographies, de magazines spécialisés autour du vélo, autant de témoignages muets propres à encourager les rêves et cultiver l’envie d’en faire autant pour les gamins qu’ils étaient. Ses fils se rappellent l’avoir accompagné à l’Alpe d’Huez voir Pantani gagner l’étape en 1997. Leurs idoles d’alors, telles que le navarrais Miguel Indurain, à la grande époque de son quintuplé victorieux, ont nourri leur imaginaire cycliste.

L’aîné de la fratrie de trois ouvre la voie en courant dans les courses régionales à 14 ans, entrainant dans sa roue ses deux plus jeunes frères, qui font à leur tour leur entrée sur le circuit amateur. Fränk et Andy se souviennent de leurs premières courses au Luxembourg, évoquant amusés la fierté des premiers butins raflés (25 euros). A cette époque, c’était facile : ils gagnaient tout. Mais ces débuts prometteurs restaient à confirmer en confrontant leurs prestations à l’international : « lorsqu’on vient d’un petit pays, on se demande ce que l’on vaut au dehors, c’est inévitable ». Les succès lors de leurs premières participations aux coupes du monde junior aux âges de 16-17 ans balaient tous leurs doutes et confirment leur vocation : ils sont nés pour ça. La Grande Boucle, la course reine aux millions de spectateurs, semble alors encore inaccessible mais les deux frères commencent à s’autoriser à rêver d’y participer ensemble.

Sur le circuit professionnel, que Fränk et Andy intègrent respectivement en 2003 et 2005, leur potentiel est vite remarqué, leur indéniable talent les propulse pour une ascension fulgurante. Dès 2006, à l’âge de 21 ans, Andy le météore lève les bras sur la deuxième place du podium du Tour d’Italie. Deux ans plus tard, les frères courent ensemble leur premier Tour de France avec la Team Saxo-Bank. A Saint Malo, en Bretagne, c’est la consécration, Andy revêt le maillot blanc. « Là, c’est la gagne ! ». L’année suivante, Fränk remporte la 17e étape, l’étape reine de l’édition arrivant au Grand-Bornand, devant Contador… et son frère Andy. Le grand public est conquis par ce fascinant nouveau duo fraternel qui anime les étapes alpines. « Nos aventures ont suscité une véritable effervescence et un enthousiasme phénoménal au Luxembourg, qui nous ont beaucoup portés ».

Le maillot jaune du vainqueur du Tour de France 2010, Andy Schleck, trône fièrement dans le magazine Andy Schleck Cycles (Photo © Anouk Flesch / Forbes Luxembourg)

Avec Kim Kirchen, [6 fois porteur du maillot jaune], le Grand-Duché comptait alors trois champions cyclistes, un palmarès inouï pour un pays comptant alors à peine plus d’un demi-million d’habitants. Les frères s’enthousiasment lorsqu’ils évoquent l’adrénaline de la compétition, la constante curiosité dans la recherche des facteurs de modulation de la performance. Chacun a toujours sa théorie sur la juste coalition de facteurs déterminants de la réussite : talent, travail acharné, pugnacité, bonne attitude mentale, mais aussi la génétique, le capital culturel et familial, sans oublier les hasards. Fränk a toujours été fasciné par la recherche de la bonne équation. « Dans le vélo, en dehors du travail, les clés du succès incluent aussi des variables insaisissables tels que le talent ou les éléments (le vent, la route, la pluie…). Lorsque deux coureurs talentueux finissent la course dans un mouchoir de poche, qu’est-ce qui a fait la différence ? C’est ça qui est passionnant! ».

Le vélo professionnel, qu’il qualifie sans hésiter de « véritable école de la vie » lui a aussi appris « le sacrifice et la souffrance« . Dans une course effrénée à la performance, le sport cycliste demeure illustre quant aux efforts herculéens auxquels il astreint ses géants, de véritables « Forçats de la route » auxquels Albert Londres dédiait des billets d’anthologie dès 1929 dans Le petit parisien.

Pour rester au plus haut niveau, les frères Schleck ont « pensé (exclusivement) vélo » pendant leur carrière. Andy entend encore leur père, à distance mais jamais loin, les exhorter à « Garder la tête dans le guidon ! ». « Il tenait à ce que nous puissions nous dévouer corps et âme au vélo et à notre carrière sportive, sans aucune autre préoccupation ni distraction, surtout pas pour des investissements financiers. Pour lui, il y avait un temps pour tout. Un conseil que je donnerais moi aussi aux jeunes aujourd’hui ».

« L’argent ne peut en aucun cas être la seule motivation pour de tels sacrifices ! »

Les deux frères ont heureusement soulevé suffisamment de trophées pour ne pas avoir à s’inquiéter sur le plan matériel durant leur carrière, les salaires étaient confortables, même s’ils se souviennent aussi de gains très inégaux d’une année sur l’autre. Les Schleck n’ont en tout état de cause jamais été mus par le seul appât du gain. « L’argent ne peut en aucun cas être la seule motivation pour de tels sacrifices ! ». Ils courent pour le rêve et le plaisir avant tout comme seules monnaies d’échange. Une vision du cyclisme anachronique que partagent depuis toujours les deux agitateurs du circuit, eux qui n’ont toujours eu qu’une seule exigence : courir ensemble. Dans À vélo, les cadets d’Aquitaine : histoire de trois fratries cyclistes (Lapébie, Verdeun, Darrigade) paru en 2002, le chercheur Jean-Paul Laplagne remarquait que « si le vœu rarement exaucé des fratries à vélo est de « courir ensemble » […], dans les trois cas de figure étudiés, une même différence d’âge (environ 5 ans) autorise cet espoir. ». Fränk et Andy sont nés à cinq ans d’intervalle.

L’ère Armstrong touchant à sa fin, les frères de Mondorf-les-Bains ont alors animé les plus grandes courses du monde de leur panache et leur duo soudé a souvent défrayé la chronique. D’aucuns jugeaient l’un comme porteur de guigne, bûcheur et fiable, l’autre comme surdoué mais manquant de discipline. Eux ont toujours fait front, accolés l’un à l’autre. Pour leurs concurrents, ayant à affronter leur redoutable numéro de duettistes à vélo, ils étaient une seule et même entité « les frères Schleck », tant il était impensable d’en voir un sans apercevoir l’autre dans son sillage.

Le cyclisme a ceci d’emblématique d’être un sport individuel qui se joue en équipe. Il est à cet égard communément jugé ingrat, sollicitant de « domestiques » dévoués – dits équipiers – qu’ils allient leur force pour distinguer un seul homme. Andy était celui-là. Pour autant, il s’est toujours porté fort de la tradition propre au monde du cyclisme qui exige de tenir compte de l’importance de la contribution des membres de l’équipe. Les victoires doivent se savourer collectivement. « Même si c’est moi qui levais les bras en gagnant une étape ou une course, on mettait toujours l’équipe en lumière, je n’y serais jamais arrivé sans eux ». D’ailleurs, le système de rémunération des écuries reflète cette particularité, avec aussi bien des primes individuelles que des primes d’équipe.

« Je sais que je ne sais pas tout et contrairement à ce que j’observe chez beaucoup de personnes, je retire même beaucoup de fierté à savoir demander de l’aide lorsque j’en ai besoin.»

Andy inscrit sa conception de sa nouvelle vie professionnelle dans la même tradition. Entrepreneur et patron de plusieurs salariés depuis 2016, il mise sur les compétences de chacun, l’interdisciplinarité des savoirs et le partage égalitaire des profits. Son équipe est toujours au cœur de ses préoccupations. Surtout, son rôle de leader dans le cyclisme professionnel lui a paradoxalement enseigné l’humilité : « Lorsque tu entames le dernier col du Tour et que tu n’as plus rien à boire, tu dois demander de l’aide à ton équipe. J’ai très vite transposé cela dans ma vie d’après. Après 15 ans focalisé sur le vélo, j’ai dû faire appel à des personnes compétentes dans les domaines qui m’étaient complètement étrangers. Je sais que je ne sais pas tout et contrairement à ce que j’observe chez beaucoup de personnes, je retire même beaucoup de fierté à savoir demander de l’aide lorsque j’en ai besoin ».

De par son rôle de capitaine de route sur le circuit, Fränk a quant à lui qui appris à faire confiance à son jugement et enseigné des outils précieux de leadership. Moins connu du grand public, le capitaine de route est l’homme de confiance d’une équipe cycliste sur le Tour de France. « Il faut parfois prendre une décision en un trait de temps et tout l’enjeu est de faire sentir à ton équipe que c’est la bonne décision pour qu’elle te suive à 100%. Même si ce n’est peut-être pas toujours la bonne décision. »

Fränk Schleck nous reçoit autour d’un café, avec son frère Andy, au comptoir du magasin Andy Schleck Cycles (Photo © Anouk Flesch / Forbes Luxembourg)

«A 25 ans, en comparaison de beaucoup de personnes, j’avais déjà connu beaucoup d’échecs. Je sais que pour avancer, il faut anticiper, apprendre de ses échecs et les surmonter.»

De leur vie professionnelle d’antan sur le circuit, Andy retient l’extraordinaire aventure mais insiste sur l’importance de se souvenir du chemin parcouru, particulièrement les nombreux échecs qui ont jalonné sa route. Des hauts, des bas, des montagnes russes émotionnelles qui sont l’apanage du sport en compétition pour les professionnels mais dont il retient qu’ils lui ont appris la vie en accéléré. « Le sport m’a appris tout ce que je sais. J’ai peu étudié dans les livres ou sur les bancs de l’école mais je lis les gens. A 25 ans, en comparaison de beaucoup de personnes, j’avais déjà connu beaucoup d’échecs. Je sais que pour avancer, il faut anticiper, apprendre de ses échecs et les surmonter. Sinon on reste sur place ».

L’été 2014 a mis brutalement fin à ses rêves de cycliste professionnel. Victime d’une rupture des ligaments croisés du genou à la suite d’une lourde chute lors de la troisième étape du Tour de France entre Cambridge et Londres, il abandonne. Après plusieurs opérations chirurgicales, il est contraint de se rendre à l’évidence, il ne reviendra jamais à son plus haut niveau. Cette retraite hâtée à l’aune de ses 30 ans lui découvre une blessure plus secrète à soigner. « Dans le sport, lorsqu’on grandit en étant destiné depuis l’enfance à devenir un champion, on n’a plus vraiment d’identité autre. J’avais toujours été un cycliste. En rentrant chez moi après avoir annoncé ma retraite à Mondorf-les-Bains, je ne savais plus qui j’étais. Cela a été la période la plus dure de ma vie ». Le prodige du circuit a mis deux ans à se réinventer. S’il n’avait pas nécessairement de modèles d’entrepreneurs dans son entourage proche, un travail salarié de bureau était inenvisageable pour cet hyperactif. Désormais à la tête de sa propre enseigne, Andy n’est pas du genre à rester « assis à attendre le chaland » ; il s’efforce de rester créatif, diversifier ses activités, aller de l’avant pour garder le tempo.

Aux antipodes de son jeune frère, Fränk a intégralement maîtrisé la fin de sa carrière. Les années dans lesquelles les athlètes peuvent exceller au plus haut niveau dans leur domaine sont toujours comptées, planifier une transition de carrière est une réalité inévitable du monde du sport. Décider du moment opportun pour se retirer reste le grand dilemme, anticiper l’après un enjeu fondamental. Être témoin du passage à vide de son cadet après sa dernière chute lui a ouvert les yeux sur la nécessité impérieuse de préparer sa deuxième vie. A 36 ans, avec neuf participations à la Grande Boucle à son actif, le grimpeur a annoncé en conférence de presse aux Jeux Olympiques de Rio en 2016 qu’il mettrait un terme à sa carrière à la fin de la saison. « J’emporte au moins un beau final, qui m’a peut-être aussi empêché de faire l’année de trop ». En parallèle, Fränk avait déjà commencé à se préparer en étudiant en Allemagne pour obtenir une licence de coach.

Fränk a ainsi continué à rouler pendant trois ans après qu’Andy s’est retiré du circuit. « J’ai toujours adoré le vélo et l’entraînement. Andy était meilleur mais de son propre aveu, il n’a jamais eu autant de plaisir que moi à rouler. Je crois que c’était l’une des grandes différences entre nous, aujourd’hui encore. Nous continuons tous les deux à rouler mais Andy a besoin de s’investir dans d’autres domaines ».

« Si comme sportif si tu n’as plus d’objectifs, tu t’arrêtes ! C’est pareil dans la vie. »

Frank est aujourd’hui coordinateur national du cyclisme pour la fédération des sports cyclistes luxembourgeois et exerce un large panel d’activités autour du vélo (organisation d’événements comme la Gran Fondo, création de plans d’entraînement, offres de séjours de cyclotourisme etc.). Surtout, il continue d’avoir des rêves pleins la tête : « Si comme sportif si tu n’as plus d’objectifs, tu t’arrêtes ! C’est pareil dans la vie. J’ai des idées et projets je voudrais bien faire avancer. J’arrive à me motiver et aussi à me fâcher. Avoir des rêves, ça veut dire que la vie est là et que l’ambition existe encore, qu’on peut continuer à avancer. Si l’on attend quelque chose de spécial de la vie, alors il faut faire quelque chose d’extraordinaire, être prêt à sortir de sa zone de confort ».

Rétrospectivement, Andy porte aujourd’hui un regard plus serein sur sa fin de carrière: « Peut-être que si j’avais roulé jusqu’à 36 ou 38 ans, je n’aurais jamais eu le courage de créer ce magasin. Je réalise que ce que j’ai vécu autrefois comme une tragédie a été finalement une opportunité pour grandir et me prouver que je pouvais m’en sortir ». Il semble aujourd’hui avoir trouvé une allure qui lui convient, hors du circuit mais toujours en mouvement « Ma femme me dit toujours que je suis un éternel insatisfait » plaisante-t-il.

Malgré leur remarquable palmarès, les frères luxembourgeois n’ont jamais cessé d’être actifs sur le plan professionnel. Les Prize Money glanés sur le circuit leur ont permis de soutenir leur reconversion entrepreneuriale mais les montants en jeu demeurent modestes comparés à d’autres sports professionnels (à leur époque, le grand vainqueur du classement général de la Grande Boucle empochait environ 500 000 euros). Le modèle économique du cyclisme repose en outre largement sur les fonds d’entreprises privées en recherche d’importantes retombées en termes de notoriété, notamment par le biais des pratiques de « naming ». Et à cet égard, de grandes disparités règnent sur le circuit selon les pays. « Être sportif de haut niveau au Luxembourg n’ouvre pas droit à des contrats de sponsoring comparables à ceux communément pratiqués dans d’autres pays voisins, le marché y est encore relativement étroit ».

Bien sûr, à l’apogée de leur carrière, les frères Schleck ont goûté au luxe et aux belles choses, mais ils ont réussi à ne pas perdre les pédales. « On s’habitue vite au luxe. Une fois que tu rentres dans un hôtel 5 étoiles, tu n’as plus envie d’aller dans un 2 étoiles. C’est en cela que le sport est dangereux, parce qu’un athlète peut durer dix ans, mais la vie après dure longtemps et heureusement ». Le duo a pu compter sur le soutien sans faille de leurs proches pour les conseiller, leur rappeler d’en garder sous le pied pour après. En cyclistes avertis, ils gardent aussi toujours en tête de « prendre le bon wagon », choisissant d’investir dans des valeurs refuges en lien avec les besoins primaires ou l’immobilier. Leur ancrage familial fort au Grand-Duché, qu’ils n’ont jamais envisagé de quitter, les a naturellement conduits à investir dans ce secteur particulièrement prospère sur le territoire les vingt dernières années. Ils s’avouent heureux ainsi.

Les frères Schleck ont écrit l’un des plus belles pages, si ce n’est la plus belle, du cyclisme luxembourgeois et ont fait les Unes de nombreux quotidiens sportifs internationaux (Photo © Anouk Flesch / Forbes Luxembourg)

Gagner de l’argent est pour eux le moyen de la liberté et de donner vie à leurs ambitions mais n’est pas un credo en soi. « Si on me donne 100 millions demain, je serai peut-être heureux une heure ou deux, juste le temps de me demander ce que je ferais avec », sourit Andy. Là encore, passion et plaisir restent leurs maitre-mots, le rêve aussi car si aucun des deux frères ne manifeste un appétit particulier pour le risque en matière financier, ils avouent suivre avec grand intérêt l’écosystème des start-ups, ses grandes histoires de réussite et d’échecs retentissantes. Tous deux se déclarent d’ailleurs prêts à investir dans un ou des projets coups de cœur.

« Pour nous, l’American Dream came true. Nous avons mis la barre haut
mais nous avons montré que c’était possible. Le Luxembourg attend ses prochains frères Schleck ! »

Les frères Schleck sont perpétuellement en train de se réinventer pour imaginer de nouvelles façons de transmettre leur passion du cyclisme et promouvoir les valeurs et les vertus du sport qu’ils ont chevillées au corps. Surtout, les inséparables n’ont jamais cessé d’oeuvrer côte à côte pour mener à bien des projets communs, à l’instar de l’organisation de la course Schleck Gran Fondo au travers de la société Schleck-X’Perience. « Ce qui est important pour nous c’est de réussir ce projet. Avoir 3500 à 4000 personnes qui prennent le départ au Luxembourg, c’est formidable ! ».

Les deux frères ont surtout particulièrement à coeur de continuer à faire vivre l’histoire extraordinaire qui est la leur. Ils ont fait vibrer des millions de spectateurs sur les routes de la Grande Boucle et des courses mythiques, inspirant à leur tour les plus jeunes. Parmi eux, Bob Jungels, Alex Kirsch et Kevin Geniets, qui portent aujourd’hui fièrement les couleurs du Grand-Duché dans le peloton professionnel, se revendiquent de leur héritage.

« Pour nous, l’American Dream came true. Nous avons mis la barre haut mais nous avons montré que c’était possible. Le Luxembourg attend ses prochains frères Schleck ! ». Il ne faudra pas (encore) compter sur leurs enfants (ceux d’Andy n’acceptent une sortie vélo qu’avec glace à la clé), ils ne les y ont d’ailleurs jamais particulièrement encouragés, la passion de l’effort est bien là mais s’est déportée sur d’autres sports que le cyclisme.

A ce jour, aucun des frères n’a rassemblé dans sa propre boite en fer le témoignage de ses aventures sportives, du moins pas encore. Les images restent dans la tête et le cœur, une façon de continuer à les partager ensemble. La roue du temps n’a pas fini de tourner pour eux.

(Propos recueillis par Charles-Louis Machuron. Texte par Sophie Massendari. Photos par Anouk Flesch)


Cet article est paru dans la première édition du magazine Forbes Luxembourg. Vous souhaitez en recevoir un exemplaire? C’est par ici!

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