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SES dirige Eagle-1 vers la cybersécurité européenne et l’internet quantique

L'objectif d'Eagle-1 est de doter l'Europe d'un outil de nouvelle génération pour sécuriser les communications à l'ère de l'informatique quantique.

Eagle-1 est un projet paneuropéen de communications quantiques mené par le SES qui vise à rapprocher l’Europe de la souveraineté numérique. Thierry Draus, vice-président du développement commercial au sein du groupe produit et innovation de SES, nous en dit plus sur la chronologie du projet, ses bénéficiaires et son objectif ultime, à savoir la construction d’un Internet quantique.

Quel est l’objectif du projet Eagle-1 et quel est son rapport avec la cybersécurité européenne ?

D’un point de vue général, l’objectif d’Eagle-1 est de doter l’Europe d’un outil de nouvelle génération pour sécuriser les communications à l’ère de l’informatique quantique. Nous voulons nous appuyer sur la technologie de distribution de clés quantiques pour garantir la souveraineté de l’Europe en matière de sécurité du réseau de communication.

Si l’informatique quantique offre de nombreuses possibilités, sa puissance de calcul peut en réalité briser les systèmes cryptographiques actuels qui sont utilisés partout, des systèmes bancaires à votre carte de crédit en passant par les appels de l’équipe.

La distribution quantique des clés est une technologie qui utilise les principes de la physique quantique pour garantir que nous pouvons échanger des clés en toute sécurité entre deux parties. Le premier objectif du projet Eagle-1 est de lancer un satellite équipé de la technologie QKD et de démontrer sa faisabilité en orbite.

Eagle-1 n’est pas seulement un satellite, c’est un système de bout en bout comprenant un vaisseau spatial, un segment terrestre et un segment opérationnel. Nous voulons démontrer que cette technologie peut être utilisée sur le réseau existant et le protéger en ajoutant une couche de sécurité inviolable pour les ordinateurs quantiques.

« Le premier cas d’utilisation de la technologie QKD sera le réseau de connectivité européen, reliant les institutions entre elles. »

Le projet Eagle-1 implique plus de 20 partenaires, dont SES, itrust et LuxTrust. En quoi SES est-il impliqué ?

SES dirige le consortium de plus de 20 partenaires européens, ce qui signifie que nous coordonnons les activités du projet avec nos partenaires. Comme il s’agit d’un programme de l’ESA, notre tâche consiste à assurer la coordination avec les autres États membres de l’ESA qui participent à ce projet et apportent leur expertise.

En tant qu’opérateur de satellite, notre rôle est également d’exploiter et de fournir le segment satellite de ce projet. Le projet étant encore au stade du PoC – proof of concept -, nous exploiterons le satellite et fournirons les services de démonstration aux premiers utilisateurs.

Nous développons également un élément clé du système de gestion des clés. Étant donné que nous sommes proches des futurs utilisateurs du système, nous travaillons à la construction des blocs qui garantiront que le système peut être intégré de manière transparente dans les réseaux de communication des utilisateurs.

Quel est le calendrier du projet Eagle-1 ?

Nous finalisons actuellement la conception de tous les composants jusqu’aux modèles d’ingénierie. Nous construisons au sol les modèles qui peuvent être testés et qui voleront plus tard. Tel est l’état d’avancement actuel du projet. L’objectif est de lancer Eagle-1 à la fin de 2025 ou au début de 2026. Après la mise en orbite du vaisseau spatial, nous vérifierons que le satellite et sa charge utile (la partie quantique du satellite) fonctionnent comme prévu. Ensuite, le satellite sera exploité pendant au moins trois ans, avec une possibilité de prolongation de deux ans.

Quels sont les acteurs luxembourgeois qui bénéficieront de ce projet ?

Le premier cas d’utilisation de la technologie QKD sera le réseau de connectivité européen, reliant les institutions entre elles pour s’assurer que lorsqu’elles échangent des informations, elles reçoivent des clés sécurisées à l’aide de la technologie quantique. Il s’agit notamment des infrastructures critiques, des secteurs bancaires, des centres de données et du secteur de la santé, autant d’utilisateurs qui ont besoin de ce niveau de protection en priorité.

Vous avez mentionné que l’infrastructure de communication quantique évoluera à terme vers l’internet quantique. Pouvez-vous expliquer ce que cela signifie et quelles sont les implications d’un internet quantique ?

L’internet quantique est vraiment l’objectif de ce que nous faisons actuellement. L’internet quantique repose sur des dispositifs quantiques, c’est-à-dire des dispositifs capables d’échanger des informations dans un état quantique. C’est comme si vous aviez une communication laser entre nos deux ordinateurs portables – sauf qu’en réalité, ce n’est pas comme ça que ça va fonctionner, mais c’est le principe de base.

Dans l’internet quantique, nous pouvons nous appuyer sur la physique quantique pour renforcer la sécurité et accélérer la communication des informations. Mais tout cela nécessite une technologie de pointe qui n’existe pas encore. Mais Eagle-1 est un premier pas dans cette direction.

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