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47.000 millionnaires, 128 milliards d’euros cumulés : les fortunes luxembourgeoises retrouvent des niveaux records

Le profil des millionnaires évoluent ces dernières années, en lien avec l’essor de la tech et de stratégies d’investissement plus risquées: la part d’héritiers parmi ces millionnaires est légèrement en recul, quand la part de « self-made » est à la hausse.

Après une année 2022 sur le recul, les fortunes luxembourgeoises retrouvent des niveaux records en 2023: 47.110 millionnaires cumulent désormais une richesse de plus de 128 milliards d’euros, selon le World Wealth Report 2024 publié par Capgemini.

« Les investissements des millionnaires luxembourgeois en 2023 leur ont permis de recouvrir toutes les pertes qu’ils avaient subies l’année d’avant », constate Martine Klutz, Senior Business Executive chez Capgemini Invent, lors de la présentation jeudi 6 juin du World Wealth Report 2024 publié par le Capgemini Research Institute. 

Après une année 2022 de crise, qui avait vu le nombre de millionnaires et leur richesse reculer au Luxembourg et dans le monde, 2023 est une année de rebond: le Luxembourg compte désormais 47.110 millionnaires (possédant au moins un millions de dollars d’actifs liquides investissables, hors résidence principale) qui cumulent une fortune de plus de 128 milliards d’euros (139 milliards de dollars en 2023, contre 135 en 2022).

La tendance est mondiale: sous l’effet d’un rebond de la conjoncture économique, la fortune des millionnaires a augmenté de 4,7% entre 2022 et 2023 dans le monde pour atteindre 86.600 milliards de dollars, et leur nombre a augmenté de 5,1% (22,8 millions de millionnaires dans le monde). Cette remontée est particulièrement forte aux Etats-Unis (+7,4% de richesse, +7,3% de millionnaires) et bien présente, quoique dans une moindre mesure, en Europe (respectivement +3,9% et +4%).

Un rebond modéré au Luxembourg

A l’échelle du Luxembourg, la reprise s’avère toutefois moins dynamique: +2,9% de richesse en plus entre 2022 et 2023 et +2,8% d’individus millionnaires. Mais les chiffres restent toutefois très bons en comparaison européenne, la moyenne du vieux continent étant tirée par le haut par les très bonnes performances de la France (+6,5% de richesse et +6,4% de millionnaires) et de l’Italie (+8,5% et +8,4%).

« Pour le Luxembourg, on obtient peut-être un peu moins que la moyenne européenne, mais les chiffres restent assez comparables », observe Martine Klutz. « Et ce qu’il est intéressant d'observer, c'est cette capacité que les millionnaires luxembourgeois ont eu de bien récupérer de la mauvaise année précédente. Aujourd'hui, le Luxembourg est dans une bonne tendance en comparaison de certains pays en Europe qui sont plus en recul par rapport à cette évolution positive de l’année. »

280 ultrafortunés possèdent 18% de la richesse cumulée

Comment se répartit cette richesse entre millionnaires? Au Luxembourg, les 42.960 millionnaires « next door » (91,2% du nombre total de millionnaires), dont le patrimoine est compris entre 1 et 5 millions de dollars, possèdent 56% de la fortune cumulée totale. Les 3.870 millionnaires « mid-tier » (entre 5 et 30 millions de dollars), qui représentent 8,2% de la population de millionnaires du pays, pèsent pour 26% de la fortune totale. Quant aux 280 ultrafortunés (0,6% du total) qui possèdent plus de 30 millions de dollars, ils détiennent 18% de la richesse cumulée.

A noter qu’au sein de cette population de fortunés, la répartition de la richesse est finalement plus égalitaire au Luxembourg qu’à l’échelle mondiale (1% des ultrafortunés possèdent 34% du total) ou européenne (0,71% détiennent une part de 23%).

Vif intérêt pour les cryptomonnaies

Les stratégies d’investissement des millionnaires évoluent avec le temps, constate le rapport, avec des allocations d’actifs qui évoluent de la préservation du patrimoine vers des actifs dits de « croissance ». Le phénomène est particulièrement marqué au Luxembourg, où plus de deux millionnaires sur trois se montrent plus intéressés par une réallocation vers des actifs de croissance, contre un sur deux au niveau mondial.

Plus dans le détail, si les millionnaires luxembourgeois se montrent plus frileux concernant les investissements dans le private equity - un sur trois prévoient d’y investir en 2024, contre deux sur trois dans le monde -, leur intérêt pour les cryptomonnaies est très vif: il concerne deux millionnaires luxembourgeois sur trois (un sur deux dans le monde).

Les actifs ESG et leur impact sur la société connaissent aussi un regain d'intérêt qui concerne 50% des millionnaires, tant au niveau luxembourgeois que mondial. « Nous avions constaté dans nos entretiens que de nombreux millionnaires avaient encore des doutes sur la fiabilité du rating ESG », remarque Martine Klutz. « Aujourd'hui, il y a une normalisation de ces ratings ESG, beaucoup plus de transparence sur les différents impacts, qu'ils soient environnementaux ou sociétaux, et cela met beaucoup plus en confiance les investisseurs. »

Des millionnaires plus jeunes

Le profil des millionnaires évoluent aussi ces dernières années, en lien avec l’essor de la tech et de stratégies d’investissement plus risquées: la part d’héritiers parmi ces millionnaires est légèrement en recul (20,7% en 2022 contre 21,9% en 2016), quand la part de « self-made » est à la hausse (72,6% en 2022 contre 66,5% en 2016). Surtout, ceux-ci sont plus jeunes: un cinquième du nombre de millionnaires dans le monde est un « self made » de moins de 40 ans. « Les enjeux d'innovation, de transition écologique, mais aussi technologique, sont autant d'opportunités pour les plus jeunes d'investir, de prendre des risques avec du capital à risque, qui est aujourd'hui beaucoup plus important qu'il l’était par le passé », constate Martine Klutz.

Un phénomène qui n’échappe pas au Luxembourg, selon Martine Klutz, même si aucune donnée précise n’est disponible: « Ce n’est plus du tout réservé aux Etats-Unis, cela a lieu aussi en Europe et partout dans le monde, y compris en Belgique et certainement au Luxembourg », assure-t-elle. « Ce capital à risque est en général plus rapidement investi par les jeunes générations, ce qui a aussi une influence sur l’âge à laquelle certains peuvent devenir millionnaires, voire ultra-millionnaires. »

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